Pourquoi j’ai choisi la licence CC-BY 3.0 pour mes images

Wikipédia est publiée sous la licence CC-BY-SA 3.0, une licence qui permet la réutilisation même commerciale et la modification sous condition de publier avec le nom des auteurs et de publier le résultat sous la même licence. Commons, de son côté, accepte tous les fichiers publiés sous une licence permettant toutes les réutilisations, même commerciales, et la modification. Par défaut, Commons propose d’utiliser la licence CC-BY-SA 3.0, la même que celle de Wikipédia. Cependant, au contraire de Wikipédia, Commons accepte d’autres licences pour les fichiers tant qu’elles permettent les choses nommées plus haut.

Au début, lorsque j’ai fait la connaissance de Commons, j’ai choisi la licence par défaut pour toutes mes images. Comme je n’y connaissais rien aux licence, droit d’auteur, Commons et autres, il m’était difficile de faire autrement. Maintenant, je choisis la licence CC-BY 3.0 pour toutes mes images. Dans ce billet, je vais expliquer pourquoi j’ai fait ce choix et pourquoi j’invite tous les autres à faire comme moi.

Ce qu’implique la clause SA

La clause ShareAlike de la licence CC-BY-SA 3.0 oblige la réutilisation sous la même licence. Cela signifie que si je fais une réutilisation de l’image ou du texte publié sous cette licence, je devrai publier le résultat sous la même licence.

Le texte de licence fait la distinction entre deux types de réutilisation: l’oeuvre dérivée (« Adaptation » en anglais) et le recueil (« Collection » en anglais) et impose des conditions différente pour ces deux types de réutilisation.

L’oeuvre dérivée est une oeuvre créée à partir d’une oeuvre publiée sous licence. Elle peut être une modification de la forme, une oeuvre semblable inspirée de l’oeuvre sous licence, une traduction, etc.  Une oeuvre dérivée faite à partir d’une oeuvre publiée sous licence CC BY-SA 3.0 devra être publiée dans son entièreté sous la même licence. Ainsi, si je traduis un livre publié sous cette licence, ma nouvelle oeuvre devra obligatoirement être publiée sous licence CC BY-SA 3.0. Cela ne m’empêche pas de la vendre mais permet à n’importe qui de la réutiliser comme il veut en respectant les conditions.

Le recueil est une oeuvre utilisant une oeuvre publiée sous licence ShareAlike dans son entièreté sans aucune modification et dans laquelle l’oeuvre originale est une partie indépendante. Dans le cas d’un recueil, la licence prévoit que la partie qui a été réutilisée doit être disponible sous la même licence. Les meilleurs exemples de recueils sont les encyclopédies ou les albums. Ainsi, si je prend une partie du texte d’un article de Wikipédia et que je l’insère dans ma propre encyclopédie sans aucunement la modifier, je dois indiquer clairement que cette partie de mon encyclopédie peut-être librement réutilisée sous la licence CC BY-SA 3.0.

Pour du texte, selon ma compréhension, cette licence est assez exigeante. Elle signifie que si on réutilise le texte en y faisant une quelconque modification ou si on s’en inspire, on doit absolument publier le résultat complet sous la licence ShareAlike. Il est assez rare qu’on copie un texte sans aucune modification et qu’on l’insère ailleurs. Ainsi, la plupart des réutilisations impliquent la publication finale sous la même licence.

Un exemple d’image sous licence CC BY-SA 3.0 utilisée dans un recueil. J’ajoute les informations nécessaire dans la description (la ligne suivante).
Image: Antoine Letarte, CC BY-SA 3.0

Pour ce qui est des images, on est plus souvent dans le cas de la réutilisation dans le cadre d’un recueil. En effet, les journaux publiant une image de Commons ou les livres sont généralement dans le cas où ils publient une image sans la modifier. Dans ce cas, tout ce qu’ils doivent faire est d’indiquer le nom de l’auteur et la licence. Vous trouverez un exemple d’une telle réutilisation dans cet article.

Pourquoi j’ai choisi CC BY 3.0 pour mes images?

Personnellement, j’ai laissé tombé la clause SA pour mes images depuis un an. La raison en est bien simple: ce que je veux c’est qu’on cite mon nom quand on réutilise mes images. C’est la condition essentielle. Pour le reste, je m’en fout. De toute façon, l’original de mes images sera toujours disponible sous licence libre. Ainsi, il sera toujours possible de les réutiliser même si les réutilisateurs ne l’ont pas permis. Aussi, comme je produis essentiellement des images la plupart des réutilisations qui sont faites sont dans le cadre de recueils. Ainsi, je ne porte pas vraiment d’importance à la mention d’une licence lorsque l’on réutilise mon travail mais bien qu’on cite mon nom.

De plus, je ne veux pas contaminer le travail des autres. Je donne un exemple: imaginons qu’un éditeur de casse-tête utilise une de mes photos pour faire un 1000 morceaux. Pour ce faire, il doit recadrer ma photo et en modifier les couleurs. Est-ce que je veux l’obliger à publier cette nouvelle version sous licence libre? Doit-il vendre son casse-tête en disant quelque part sur la boîte: vous pouvez réutiliser ce casse-tête selon les conditions de la licence CC BY-SA 3.0? Non, en fait, la seule chose que je veux c’est qu’il mette mon nom quelque part sur la boîte. De plus, si je réduis les tracasseries de licences comme celle l’obligeant à l’écrire sur la boîte, il y a plus de chances qu’il choisisse ma photo et qu’il écrive effectivement mon nom sur la boîte.

Il en est de même pour le journal qui voudrait réutiliser mes images: s’il écrit « crédit photo: Antoine Letarte » dans la légende, il a respecté la licence et j’ai eu ce que je voulais, une image dans un journal correctement créditée. Pas besoin que je dise au journal « vous devez mettre une petite note disant CC BY-SA 3.0 à côté du crédit ». De toutes façon, personne ne comprend ce que ça veut dire et c’est probablement un frein pour le journal de changer ses habitudes.

Je pense que cette façon de faire encourage la réutilisation simple et atteint mon objectif personnel: avoir mon nom associé à l’image. Le reste, ça ne m’intéresse pas tant que ça. De toutes façons, les réutilisations sont tellement souvent toutes croches, autant réduire les sources de problème en exigeant le minimum: être cité. Aussi, de toutes façons, je n’ai pas les capacités de faire des casse-tête ou publier des livres. Ainsi, je ne peux faire le profit que ces réutilisateurs feront. Pourquoi les empêcher? Quand je voudrai faire de l’argent de mes photos, je les publierai dans des banques d’images où je recevrai des ristournes pour mon travail. D’ici là, ce que je veux, c’est qu’on associe mon nom à mes images.

Et vous?

Et vous, sous quelle licence publiez-vos images? Pourquoi avez-vous fait ce choix? Qu’est-ce que vous voulez avoir comme retour sur vos images? J’aimerais beaucoup en savoir plus en vous lisant dans les commentaires de cet article. N’hésitez pas à laisser votre avis ou à commenter sur ce que je viens de dire.

Prochainement, je prévois vous montrer un exemple de contournement des règles de Commons et je continuerai à expliquer les différentes licences et conditions utilisées dans l’environnement wikipédien. Au plaisir de vous lire!

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6 commentaires pour Pourquoi j’ai choisi la licence CC-BY 3.0 pour mes images

  1. Arkanosis dit :

    J’ai uploadé peu de travaux originaux sur commons, mais soit sous CC-By, soit directement dans le domaine public. C’est un choix dans la continuité de ce que je fais lorsque j’écris du logiciel libre (je publie alors sous licence MIT) ou que j’écris pour Wikipédia (je place mes contributions dans le domaine public).
    Ma réflexion derrière ce choix est que 1) une contrainte, quelle qu’elle soit est un frein à la réutilisation 2) je n’ai personnellement aucun intérêt à freiner la réutilisation de mon travail, au contraire 3) j’ai parfois un intérêt à faire savoir qu’il s’agit de mes travaux (typiquement pour le code : la crédibilité d’un développeur se construit entre autres avec ça), mais dans la plupart des cas, ça n’a aucune importance (ce qui ne m’empêche pas d’apprécier si on m’attribue mon travail). Pour les images, lorsque je publie sous CC-By plutôt que dans le domaine public, c’est parce que ma réflexion n’a pas encore abouti (je favorise donc une licence plus contraignante, que je peux relâcher plus tard alors que l’inverse est impossible).
    Il m’a souvent été objecté que le caractère viral d’une licence était indispensable à la survie du libre (le troll GPL vs BSD est l’un de mes favoris). Je suis convaincu pour ma part que non seulement il est un frein à son développement, mais qu’en plus il est complètement inutile : quand on a /compris/ le libre, c’est un choix naturel qui ne nécessite pas d’être imposé. Quand on ne l’a pas compris, on ne fait pas forcément ce choix, mais cela ne nuit pas à ce qui est déjà libre… et on comprendra plus tard, à moins d’être tenu à l’écart par une licence virale.

  2. theoliane dit :

    Que tout ça est compliqué ! J’ai du uploader plusieurs centaines de photos sur Commons, et déjà que la procédure est aussi longue que lente, j’avoue avoir pris les options par défaut en ce qui concerne la licence, parce qu’au fond… Je m’en fous ! Que l’on réutilise ou non une de mes photos, ça m’est totalement indifférent, si je ne veux pas que quelqu’un s’en « serve », eh bien je ne la mets pas sur Internet, et elle reste sur mon disque dur ou dans mon album. J’avoue que j’ai trop de difficultés à comprendre les subtilités des licences, n’ayant pas le moins du monde l’esprit « juriste ». N’étant pas une professionnelle de la photo, qu’une des miennes se retrouve ailleurs sans mention de mon nom (c’est déjà arrivé, dans une publication d’une société savante locale, dont le rédacteur a été très surpris quand je lui ai dit que c’est moi qui avais fait cette photo, il l’avait « prise sur Internet », sans se poser de question, comme beaucoup le font), ne me dérange pas particulièrement. Pour Commons, c’est le pseudo qui apparaît d’ailleurs, pas le nom personnel. Pas très constructif mon commentaire… Mais je vais toutefois continuer à suivre tes billets, peut-être que je finirais un jour par comprendre ?

  3. GaAs dit :

    Le problème de la CC-BY, c’est que l’attribution n’est pas virale : si Paul utilise une image de Letartean en changeant un pixel et met le résultat en DP, alors Pierre peut réutiliser l’image de Paul sans citer Letartean. Ne reste plus que le droit moral.

  4. Arkanosis dit :

    @GaAS : euh…non, l’attribution doit rester : cf. 4.b . Mais ce n’est pas de la « viralité » au sens du Copyleft.

  5. Pour ma part je suis favorable aux licence virales, sauf exception, je vois pas en quoi on retirerait de la liberté à son utilisateur sous prétexte qu’on l’a publié. Bien sur je ne publie pas de photo.

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